Découvrez la crise économique et financière des subprimes, son historique, ses facteurs déclencheurs, les causes de sa propagation, ainsi que ses conséquences.
Crise financière majeure des années 2007-2008, la crise des subprimes est due à une accumulation excessive de crédits immobiliers à haut risque.
Le 15 septembre 2008, la plus ancienne et la plus puissante des banques américaines, Lehman Brothers, se déclare officiellement en faillite. Ce choc international, dont les conséquences désastreuses sur l’économie mondiale sont encore perceptibles aujourd’hui, trouve son origine dans une crise financière du secteur de l’immobilier américain : la crise des subprimes.
Qu’est-ce que la crise des subprimes ? Quel est l’historique de la crise des subprimes ? Quels sont les facteurs déclencheurs de la crise des subprimes ? Comment la crise des subprimes est-elle devenue mondiale ? Quelles ont été les conséquences de la crise des subprimes ?
Nous sommes en 2007 lorsque la crise des subprimes se déclenche aux États-Unis, en raison de l’éclatement d’une bulle immobilière américaine amplifiée par l’existence de prêts hypothécaires à risque ("subprimes" en anglais). Au début des années 2000, face à la diminution des taux d'intérêt, les investisseurs s'orientent massivement sur le secteur de l'immobilier, afin d'augmenter leurs profits. Ils sont particulièrement intéressés par le système de l'hypothèque, censé garantir leurs risques. Face à la demande exponentielle des investisseurs, les banques mettent en place la titrisation des crédits immobiliers en revendant les prêts immobiliers accordés. Elles augmentent également massivement le nombre d'emprunts accordés, notamment les emprunts les plus risqués : les subprimes. Après des années de spéculation et de profits, une gigantesque bulle spéculative est créée.
Dans le courant de l'année 2006, le nombre de défauts de paiement augmente fortement, les banques saisissent alors les biens pour se rembourser. Cependant, l'offre immobilière devenant bien supérieure à la demande, le secteur immobilier américain connaît sa première chute depuis la Seconde Guerre mondiale.
Les investisseurs financiers diminuent alors drastiquement leurs achats de crédits, laissant aux banques un nombre colossal de crédits dont la plupart ne seront pas remboursés. En 2007, de nombreuses banques américaines se déclarent en faillite, initiant la crise des subprimes. La crise se propage au monde entier à partir de 2008, notamment suite à la faillite de la banque Lehman Brothers.
En 2003-2004, la Banque centrale des États-Unis souhaite donner une impulsion de croissance à l'économie américaine, notamment suite aux attentats du 11 septembre et à la crise de la bulle internet. Pour ce faire, elle abaisse fortement ses taux directeurs (jusqu'à 1%). Cette politique incitative déclenche une forte augmentation de la demande de prêts immobiliers, à laquelle les banques répondent favorablement. Toutefois, la FED rehausse brutalement ses taux jusqu'à plus de 5% en 2006 !
Partant du postulat que les prix de l'immobilier ne peuvent qu'augmenter aux États-Unis, les banques multiplient les autorisations de prêts, notamment de subprimes : des emprunts qui peuvent être accordés à des particuliers présentant des risques de défauts de paiement importants. Elles se couvrent via le système de l'hypothèque, qui stipule qu'en cas de défaut de paiement sur un crédit immobilier, le créancier pourra se rembourser sur la saisie puis la revente du bien. De plus, les crédits accordés par les banques sont dits "rechargeables".
En effet, plus la valeur du patrimoine de l'emprunteur augmente, plus sa capacité d'endettement est réévaluée à la hausse. Par ailleurs, les taux d'intérêt pratiqués en début de remboursement sont très faibles, et n'augmentent qu'après quelques années de créances.
Afin d'accorder toujours plus de crédits, les banques organisent la titrisation des subprimes, qui deviennent alors des produits financiers (CDO) sur lesquels il est possible de spéculer. Ces produits permettent aux banques de contourner leurs ratios réglementaires de solvabilité, car elles n'ont plus à porter les crédits à leur bilan. Pour ce faire, elles créent des sociétés subsidiaires qui ont pour seule fonction la réception des créances et l'émission des CDO. Attirés par ce marché en croissance et apparemment sans risque, les investisseurs financiers se jettent alors sur les subprimes, qui se répandent partout dans le monde. Suite à l'éclatement de la bulle spéculative, les banques américaines sont très durement touchées, mais elles ne sont pas les seules. Dans un contexte de globalisation financière totale, et suite à la propagation des crédits immobiliers titrisés, de nombreuses banques mondiales, notamment européennes et asiatiques, sont elles aussi affectées et font faillite.
La crise ayant entraîné, à partir de 2008, la faillite de nombreuses grandes banques mondiales, les États mettent en place un large plan de recapitalisation. Ils craignent en effet par-dessus tout un effondrement complet du système bancaire susceptible d’entraîner une faillite des États et une crise sociale majeure. Des centaines de milliards d'euros et de dollars sont injectés dans les banques pour leur permettre de survivre à la crise. Les États voient alors leur dette grimper en flèche. Les banques sont en outre soumises à de fortes amendes pour leur implication dans la crise : près de 345 milliards de dollars sont ainsi payés entre 2009 et 2017, notamment par les grandes banques américaines. Une nouvelle régulation est également mise en place afin de prévenir d'autres crises de cette ampleur. La crise, au départ financière, se transforme en crise économique.
En effet, en raison de leurs difficultés et de leur manque de confiance en l’avenir, les banques n'accordent plus de prêts ni aux particuliers ni aux entreprises. Elles font également preuve d'une grande méfiance vis-à-vis de leurs consœurs et se soupçonnent mutuellement de détenir de nombreux titres subprimes (“créances douteuses”), dans des montages financiers complexes comprenant d'autres types de crédits. Cette crise économique entraîne la récession de la plupart des plus grandes puissances économiques mondiales, la mise en place de politiques d'austérité, et un accroissement des inégalités inédit.
La crise des subprimes est donc une crise financière majeure du début du XXIe siècle, qui trouve son origine dans l'augmentation inconsidérée de prêts immobiliers à haut risque, et qui s'est étendue à l'économie mondiale suite à la financiarisation des crédits. Elle a entraîné une récession économique globale, dont les conséquences se font encore ressentir aujourd'hui.